Les maires de Lavardac

Histoire politique de Lavardac .

     L’objectif  de ce travail sera de  présenter quelques maires qui auront marqué l’histoire de notre ville de Lavardac, alors que  se met difficilement en place la République.

Remontons le temps. Présentons d’abord la gestion d’une ville-bastide  avant la Révolution Française : Lavardac.

     Sous l'Ancien Régime et depuis le Moyen Âge, les villes tiennent leurs statuts d’autonomie du roi, du comte ou du duc local.

     Ainsi la ville de Toulouse tient sa charte des comtes de Toulouse. Les villes sont constituées de plusieurs paroisses (plusieurs centaines pour Paris). Elles sont généralement entourées de remparts. Elles ont obtenu leur émancipation du pouvoir féodal vers les xiie et xiiie et même XIV° siècles.

     Elles se sont alors dotées de structures municipales et d'une administration, ce qui leur a donné une ressemblance avec les communes instituées par la Révolution.

     Il y avait toutefois des différences : la municipalité n’était pas élue démocratiquement.  Elle était généralement dirigée par de riches familles de bourgeois. Ces derniers ont été ensuite souvent anoblis. Ils ont formé la noblesse de robe, faite se commerçants, de magistrats. Il convient donc de parler d’oligarchie plutôt que de démocratie communale.

     Les chartes communales ne  sont pas homogènes, chaque ville ayant la sienne et son organisation. Si nous avons les coutumes de Vianne, celles de Lavardac ont disparu.

     Dans le nord de la France, les villes sont généralement administrées par des échevins. Au sud, elles sont gérées par des consuls (titre repris de l’Antiquité romaine). 

     La ville de Bordeaux est gouvernée par des jurats (étymologiquement des « jurés »). Montaigne fut maire de cette ville.  Toulouse est gérée par des capitouls (membres du chapitre).

   

     Il n’y a pas alors de maire au sens actuel du terme. Tous les échevins ou tous les capitouls sont égaux et décident de manière collégiale. Toutefois, sur certains sujets, un échevin ou un consul, prend le pas et devient une sorte de maire sans avoir l'autorité et les pouvoirs exécutifs d'un maire actuel.

Il est appelé « prévôt des marchands » à Paris (voir la vie de Jacques Cœur),  ou alors maire comme à MarseilleBordeauxRouenOrléansBayonne et dans beaucoup de villes.

                Au Moyen Âge, le consulat est un mode de gouvernement urbain.

Il régit, dans le Sud du royaume de France, des villes ayant le droit de  s’administrer et de se défendre. Certaines ont une charte de franchises obtenue d’un suzerain.

     C’est l’époque des bastides, des sauvetés.  La société de la ville est gérée par les coutumes, sorte de règlement intérieur de la cité.

      Lavardac est créée en 1256, sous le contrôle d’Alphonse de Poitiers, frère du roi de France Louis IX, autrement dit Saint Louis.

    .                   Les agglomérations ayant un consulat peuvent prendre le nom de villes  ou de cités. Elles sont, ou très importantes ou très anciennes comme Toulouse ou petites. Elles sont pourvues d’un marché et très souvent de foires. Les consuls sont élus par les habitants, avec une élection à deux degrés. 

Seuls, les chefs de famille (ou de feux) et les chefs des métiers sont électeurs, les femmes y compris, lorsqu'elles sont veuves ou marchandes publiques en leur nom propre.

   Les électeurs forment plusieurs collèges selon les différents domaines traités ou les professions de la ville. D'autres consuls représentent un quartier.

           Le consulat fonctionne avec des conseils se tenant régulièrement et publiquement. Les conseils tiennent le journal des ordres du jour et des délibérations. Les décisions sont prises au vote, comme le budget. Les consuls s'occupent de la police des rues, des places, des approvisionnements, des marchés, des métiers, des permis de construire, des poids et mesures, de l’entretien des murs, des portes, des bâtiments et des places publiques. Ils possèdent un sceau, un budget, et le droit de lever une taxe sur certaines denrées entrant dans la ville. Ils peuvent percevoir des loyers pour la concession de biens ou de droits appartenant à la commune.

     C’est ainsi qu’autour de son castrum et de sa bastide, Lavardac va se développer. Sa gestion va faire apparaître des difficultés sociales, politiques, économiques.

     Lavardac, lentement mais sûrement, se dirige vers de profondes mutations.

 1789 arrive.

Au niveau de l’Etat, à Versailles, le roi réunit ses Etats  Généraux

Rappelons que le gouvernement, au Moyen Âge, prend des formes peu connues.

      Le roi consulte les « bonnes villes » du royaume à partir du XIIème siècle, notamment pour les questions monétaires. Il convoque aussi des assemblées politiques qui réunissent les trois ordres à partir des débuts du XIVème siècle. La première d’entre elles est réunie en 1302 alors que Philippe IV le Bel (le roi faux-monnayeur) est en conflit avec le pape Boniface VIII. Qualifiée généralement de première réunion des « Etats généraux », une telle assemblée ne peut être considérée comme telle qu’à partir de 1468. Elle est  en lien avec le principe de représentation du clergé, de la noblesse et du tiers-état. Le système est généralisé en 1484. Ces assemblées sont convoquées pour apporter aide et conseil au roi. Le monarque  sollicite leur soutien politique et leur consentement à l’impôt en raison de la nécessité et de l’utilité publique, en particulier pour assurer la défense du royaume.

      Les années passent. L’histoire se déroule. Les problèmes surtout financiers s’aggravent.        .

     C’est ainsi que, face à ses difficultés,  Louis XVI réunit les Etats Généraux, en 1789. La Révolution est là.

Janine Sestacq, professeure agrégée histoire-géographie retraitée.